A l’issue du Conseil des ministres du mardi 22 septembre 2020 qui a examiné et adopté une communication conjointe relative à la présentation des résultats du rebasage du produit intérieur brut (PIB) du Togo, la Ministre de la Planification du Développement et de la Coopération, Ayawovi Demba Tignokpa et son collègue de l’Economie et des Finances ont animé une conférence de presse ce 23 octobre 2020 dans la salle Entente du CASEF à Lomé. Ces membres du gouvernement, accompagnés de leurs proches collaborateurs, ont initié cette rencontre à l’attention des professionnels des médias afin d’expliquer pourquoi le Togo a procédé à un rebasage de son PIB.
Intervenant à l’occasion de cette rencontre les ministres ont indiqué que « c’est un grand jour pour notre pays, un grand jour parce que nous sommes parvenus à un processus qui a commencé en 2018. Ils ont exprimé leur gratitude au Chef de l’Etat pour ses orientations dans la conduite de ce processus et remercié tous les partenaires du Togo notamment la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), le Centre régional d’assistance technique du FMI pour l’Afrique de l’Ouest (AFRITAC de l’ouest), l’Observatoire économique et statistique d’Afrique subsaharienne (AFRISTAT) et la Banque mondiale.
La Ministre Ayawovi Demba Tignokpa a particulièrement souligné que les chiffres issus de ce rebasage n’ont rien de fantaisistes car ils ont été validés par le FMI et d’autres institutions d’où l’importance de mettre en lumière le sérieux du travail abattu par le comité PIB mis en place par arrêté interministériel.
Les incidences du rebasage
Le rebasage du PIB est un processus qui consiste en un changement de l’année de base des calculs et en une application des nouvelles méthodes adoptées par la commission statistique des Nations unies. Ce changement de paradigme réalisé sous l’impulsion de l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques et Démographiques (INSEED), a eu non seulement un impact sur l’évaluation du PIB, mais a rejailli sur d’autres éléments structurants, comme la situation de la dette et le taux de pression fiscale. Plus spécifiquement, les principaux résultats obtenus se présentent comme suit :
• Le Produit intérieur brut (PIB) de 2016, sous le SCN 2008, passe à 3 574,4 milliards de FCFA contre 2 618,1 milliards de FCFA suivant le SCN 1993, soit une réévaluation de 36,5%.
Ce niveau de réévaluation du PIB en 2016 est imputable principalement à l’amélioration des sources de données avec une large couverture des cibles, surtout des activités informelles qui n’étaient pas suffisamment prises en compte dans l’ancien système (SCN 1993). Il est également l’effet des nouveautés apportées par le SCN 2008 dans la prise en compte notamment des marges commerciales et de transport, de la recherche et développement ainsi que des services d’intermédiation financière indirectement mesurés.
• Pour l’année 2017, le PIB réel est de 3 729,8 milliards de FCFA, correspondant à un taux de croissance de 4,3% entre 2016 et 2017. Le PIB nominal s’établit à 3 713,6 milliards de FCFA pour la même année.
En outre, en se basant sur les résultats du rebasage, le PIB nominal s’établit à 3.951,4 milliards de FCFA en 2018 et à 4.230,6 milliards de FCFA en 2019 selon le SCN 2008 contre respectivement 2.979,6 milliards de FCFA et 3.216,8 milliards de FCFA selon le SCN 1993. Les prévisions actualisées du PIB pour l’année 2020 se chiffrent à 4.399,9 contre 3.322,3 selon le SCN 1993.
La réévaluation du PIB nominal a eu des incidences non négligeables sur les résultats obtenus. Les résultats montrent que tous les critères de convergence de premier rang sont respectés. En effet, les critères du taux d’endettement et du solde budgétaire (dons compris) rapportés au PIB se sont améliorés. Ainsi, le taux d’endettement (dette rapportée au PIB) se situe désormais à 51,9 % en 2019 contre 68,3 % dans l’ancien système de comptabilité (SCN 1993). Sur cette base, les prévisions révisées font ressortir un taux d’endettement de 51,8% contre 68,6% en 2020 (en prévision).
En revanche, le taux de pression fiscale est passé de 20,8 % (SCN 1993) à 13,6% (SCN 2008) en 2019 et de 21,1% à 14,6% en 2020 (en prévision) pour une norme de 20,0% au minimum.